Spiaggia Libera

en Projets Artistes
Odyssea - Acte I : Le chant des sirènes
2024
Odyssea - Acte I : Le chant des sirènes
  • Ánima Correa
  • Antoine Donzeaud
  • Marilou Poncin
  • Valentin Ranger
  • Chloé Royer
  • Jack Warne
  • Romana Londi
  • Odyssea : Act I - Claire Bouffay - Nina Boughanim - Sol Cattino - Bella Hunt & DDC - Michele Gabriele - Charlotte Gautier Van Tour & Jimmy Boury - Brandon Gercara & Ugo Woatzi - Laura Gozlan - Jean-Baptiste Janisset - Hyewon Mia Lee - Opale Mirman - Carole Mousset - Talita Otovic

Odyssea - Acte I : Le chant des sirènes

28.08 → 01.09
Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Nous sommes tous·tes des chimères, des êtres en mutation perpétuelle, façonné·es par les courants invisibles du temps et de la culture. La sirène, figure mythique mi-femme, mi-poisson, devient alors un symbole contemporain de notre société en constante transformation. Elle incarne cette hybridité, ce mélange des formes et des identités, reflet de nos propres métamorphoses intérieures et extérieures.


D’abord, plongeons dans l’univers énigmatique des sirènes. Ces créatures mythiques, issues des légendes maritimes de différentes cultures, représentent bien plus qu’un simple mythe. Elles sont le miroir de notre fascination pour l’inconnu, pour cet océan infini ; seul territoire encore aujourd’hui en partie inexploré, qui comme nos vies, recèle des mystères insondables. Les récits ancestraux et les représentations artistiques des sirènes nous invitent à une immersion profonde dans cet univers marin, où la frontière entre réalité et légende s’efface. Les œuvres de Nina Boughanim, Charlotte Gauthier van Tour & Jimmy Boury, Claire Bouffay, Bella Hunt & DDC, Opale Mirman, Laura Golzan, Carole Mousset ou encore Ánima Correa, dévoilent les profondeurs de cet écosystème sous-marin habité, peuplé de créatures mythologiques et de paysages enchanteurs. Chaque artiste, à sa manière, explore cet univers à la fois fascinant et terrifiant, nous rappelant que la part de mystère en chacun·e de nous est aussi vaste que l’océan lui-même. Leurs créations nous transportent dans ce monde où se mêlent poésie et effroi, invitant le·la spectateur·rice à une plongée introspective dans les abysses de l’âme humaine.

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

La sirène se révèle sous un autre jour, celui de la femme séductrice et dangereuse. Depuis des siècles, les récits de sirènes ont incarné les peurs et les fantasmes des sociétés patriarcales, où la féminité puissante et insaisissable était perçue comme une menace. Ces créatures symbolisaient la tentation irrésistible, capables de conduire les hommes à leur perte, de les détourner de leur raison. L’image de la sirène comme femme fatale reflète la manière dont la société patriarcale a longtemps réduit les femmes à des objets de désir, diabolisant celles qui osaient s’affranchir des rôles imposés.


Les œuvres d’art qui explorent cette facette de la sirène mettent en lumière cette dualité : la beauté enchanteresse d’un côté, et le piège de la séduction de l’autre. Elles nous rappellent que cette figure mythologique a été utilisée pour justifier la méfiance envers la féminité libre et indépendante. Pourtant, sous cette apparence de menace, se cache une critique subtile du contrôle patriarcal ; de la manière dont les femmes ont été construites comme des êtres à la fois désirables et menaçants, précisément parce qu’elles possédaient une force que les hommes ne pouvaient contrôler. C’est cette tension entre pouvoir et oppression qui fait de la sirène un symbole si complexe et fascinant, une figure à la fois redoutée et admirée.

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Puis, la sirène émerge des eaux, non plus comme la tentatrice des récits anciens, mais comme une figure de rébellion et d’émancipation. Elle symbolise la rupture avec des normes obsolètes, une métamorphose vers une nouvelle identité, plus libre et plus audacieuse. Historiquement, la sirène a été perçue comme un être funeste, capable de séduire et de détruire. Aujourd’hui, elle devient une icône féministe, une voix puissante pour les opprimé·es et les marginalisé·es. Les œuvres de Sol Cattino, Marilou Poncin et Hyewon Mia Lee incarnent parfaitement cette transformation. À travers leurs créations, ces artistes réinterprètent le mythe de la sirène, la présentant non plus comme un simple objet de fascination, mais comme un symbole de résistance contre les oppressions patriarcales et sociales. Ces œuvres témoignent de la puissance de la sirène, de sa capacité à s’élever au-dessus des stéréotypes pour devenir une figure emblématique de la lutte pour l’autonomie et l’égalité. Poséidon peut bien rester au fond de l’eau, témoin silencieux d’un monde en mutation, où les voix autrefois étouffées jaillissent désormais avec force et détermination.

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Enfin, le voyage s’achève par une réflexion sur la fluidité et la métamorphose, caractéristiques intrinsèques des sirènes. Elles transcendent les formes et les identités, illustrant la capacité humaine à évoluer sans cesse. Ce dernier chapitre explore la notion d’évolution, de transition, soulignant que rien n’est figé. Les œuvres de Brandon Gercara & Ugo Waotzi, Jean-Baptiste Janisset, Laura Gozlan, Michele Gabriele et Talita Otović incarnent cette idée avec force. Chacun·e de ces artistes explore, à travers leurs créations, les thèmes de la transition, de la diversité et de l’identité fluide, en utilisant la sirène comme métaphore de la mutation et de l’adaptabilité. Leurs œuvres nous invitent à embrasser la multiplicité des identités et à célébrer la transformation continue. À travers cette exploration artistique, le·la spectateur·ice est amené·e à réfléchir sur ses propres métamorphoses, sur la manière dont nous sommes tous·tes des êtres en devenir, capables d’adapter et de redéfinir nos identités dans un monde en constante évolution.

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, *Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes*, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Vue d’exposition, Odyssea. Acte I : Le chant des sirènes, LA PLAGE, Marseille, 2024. Photo © Gregg Bréhin

Ainsi, la sirène, figure emblématique des légendes marines, devient un symbole puissant de notre époque, incarnant la complexité de l’identité humaine et la beauté de la transformation. Elle nous rappelle que, comme elle, nous sommes tous·tes des êtres hybrides en quête de sens. À l’instar des sirènes, nous sommes des créatures aux voix multiples, qui sillonnent les eaux tumultueuses de nos écosystèmes contemporains.


Dans un acte II intitulé “Le sel de la mer”, la galerie Spiaggia Libera viendra prolonger cette épopée fantasmagorique, dans son espace parisien. Dans cette seconde édition d’ Odyssea, se profile un univers nébuleux, post-humaniste et post-capitaliste au sein duquel les sirènes se muent en figures futuristes et les décombres terrestres laissent place à de nouvelles formes de vie.